Le temps perdu, c’est de l’argent !
September 11th, 2015 Posted in Burkina Faso, Campagne CULTIVONS, Moyens de subsistance, Nutrition et sécurité alimentaire, Taclons la faimÁ Bama, l’étuvage du riz est une activité traditionnelle et familiale. Awa Sawadogo l’a hérité de sa mère et capitalise 27 années d’expérience. Elle s’y est engagée d’abord pour se prendre en charge et assurer l’avenir de ses 6 enfants. En presque trois décennies, elle a contribué à organiser les femmes étuveuses pour ensemble faire face aux obstacles liés à la transformation. Au départ, toute la chaine était artisanale avec un recours massif au bois entrainant un impact considérable sur la protection de l’environnement, aujourd’hui la mise en place d’un centre moderne a permis aux femmes de mettre sur la place du marché, du riz étuvé de qualité produit localement et de contribuer à leur autonomisation économique. Cependant la commercialisation à travers la maitrise des circuits d’écoulement et la mise en marché sont de véritables goulots d’étranglement pour ces femmes. Leurs espoirs sont donc tournés vers la SONAGESS (Société Nationale de Gestion des Stocks de Sécurité), le principal preneur de leur produit. Une fois le riz livré, les lenteurs administratives prennent le dessus. « Nous livrons le riz et attendons des mois avant d’être payées. Pour des chefs de ménages, une telle attente est infernale car le temps perdu, c’est de l’argent ! Nous sommes obligées d’être patientes étant donné que le riz étuvé représente notre gagne-pain et unique source de revenus», souligne Awa. Elle déclare ne réaliser que 150 000 à 200 000 FCFA de bénéfice par an ! Elle appelle le Gouvernement à s’impliquer dans la promotion du riz local surtout dans le contexte actuel où le marché national est inondé de riz étranger dont la qualité est parfois douteuse. Ainsi elle s’est résolument engagée à mobiliser les autres femmes pour faire du plaidoyer en vue d’amener les politiques à élaborer et mettre en œuvre une politique nationale relative à toute la chaine de valeur du riz ; de la production, en passant par la transformation et la commercialisation à la consommation. L’instauration des normes et certification bio- technique des produits locaux, de fixation de prix incitatifs et abordables pour les producteurs/trices et consommateurs ainsi que la fixation de quota d’achat du riz national aux importateurs boosteraient le secteur du riz étuvé.